La flavescence dorée

La flavescence dorée

La flavescence dorée (FD), maladie de quarantaine, est une jaunisse de la vigne particulièrement contagieuse et incurable. Elle est causée par un phytoplasme : micro-organisme qui circule dans la sève. La maladie se caractérise par une décoloration des feuilles et un non aoûtement des bois. Présente dans la plupart des régions viticoles du sud de l’Europe, elle occasionne de fortes pertes de récolte et peut compromettre la pérennité des vignobles.

Elle est transmise par un insecte vecteur : la cicadelle (de la même famille que la cigale) . Cet insecte présente une génération par an, il acquiert le phytoplasme de la flavescence dorée lors de la prise alimentaire (piqûre) sur un pied infecté, puis après une période de latence d’un mois, le transmet à d’autres pieds de la même façon. La majorité des symptômes s’extériorisent 1 an après la contamination du pied par une cicadelle de la flavescence dorée . Si la contamination vient du matériel végétal, l’extériorisation est souvent plus longue.

La transmission de la FD peut également se faire par l’introduction de plants contaminés dans un vignoble indemne.

 Cette maladie a un caractère hautement épidémique:

  • L’insecte vecteur vit et se nourrit sur la vigne uniquement.
  • Les larves et adultes peuvent être infectieux pendant environ deux mois.
  • L’insecte se déplace facilement de cep en cep, les larves en sautant et les adultes en volant.

cicadelles

Historiquement, la cicadelle de la FD a été introduite en Europe dans les années 60 (observation sud-ouest et sud-est (France), nord-est (Italie)). Un demi-siècle plus tard, la quasi-totalité du vignoble européen a été colonisée par cet insecte. Pourquoi son expansion a-t-elle été si rapide ? Une analyse génétique des populations cicadelles (endroit origine) a mis en évidence leur origine (la plus probable) dans les zones viticoles de Long Island où l’espèce Vitis aestivalis est majoritairement cultivée. Leur introduction en Europe semble s’être produite à plusieurs reprises lors du 19ème siècle avec les grandes importations des vignes américaines provenant de la même région viticole (Amérique du nord) .

Les œufs sont pondus dans l’écorce des bois de vigne de deux ans ou plus. L’éclosion des œufs intervient de manière échelonnée sur plusieurs mois, les premières larves apparaissent au mois de mai. Il s’ensuit 5 stades larvaires aptères identifiables par leurs deux points noirs au bout de l’abdomen . Les premiers adultes apparaissent au mois de juillet et pondent de juillet à octobre

Les cicadelles sont des insectes piqueurs-suceurs. C’est au cours du prélèvement de sève sur une plante contaminée par les phytoplasmes que les cicadelles acquièrent les phytoplasmes. Après cette prise alimentaire contaminante, la cicadelle n’est pas immédiatement virulente. Les phytoplasmes, après ingestion, effectuent un cycle à l’intérieur de l’insecte qui les fait passer du tube digestif à la cavité générale avant d’envahir les glandes salivaires d’où il sera ré-injecté avec la salive à l’occasion d’un autre prélèvement de sève. La période de latence entre l’entrée du phytoplasme et la réinjection dans un pied de vigne est d’environ 30 jours.

En 2013, environ la moitié du vignoble français (400 000 ha) est située en périmètre de lutte obligatoire contre la FD et son insecte vecteur. Une nouvelle réglementation est mise en place depuis le 19 décembre 2013. En effet, auparavant, l’arrêté du 31 juillet 2009 définissait la FD en lutte obligatoire, sous conditions d’arrêté préfectoral.

Aujourd’hui, le nouvel arrêté renforce la surveillance et la lutte basée sur l’arrachage des ceps malades, les souches contaminées doivent être arrachées au plus tard le 31 mars de l’année suivant la découverte des symptômes. De plus, cet arrêté renforce la lutte contre le vecteur et le traitement à l’eau chaude des plants ou des boutures. Remarque : la contamination du matériel végétal est excessivement rare, par contre si elle a lieu, elle a des répercussions très graves.

Entre 2004 et 2009, quatre petits foyers (1 à 6 souches atteintes) ont été décelés dans de jeunes plantations de Côte d’Or et Saône et Loire.

En octobre 2011, un foyer important a été découvert dans le nord Mâconnais (3 communes contaminées soit 0,56 ha à arracher). Un périmètre de lutte comprenant 19 communes pour 1 500 ha de vigne a alors été défini par arrêté préfectoral (3 traitements insecticides). A l’automne 2012, une explosion attendue de la maladie a été constatée au sein du périmètre de lutte ; 11,3 ha de vignes ont été arrachés. En outre, des pieds atteints isolés ont été découverts dans le sud du département de Saône et Loire et le nord (Chalonnais). Un dispositif régional de lutte a donc été élaboré (DRAAF Bourgogne avec la FREDON). Des mesures de lutte graduées ont été définies par arrêtés préfectoraux. Outre les mesures habituelles (prospection, arrachage et lutte contre le vecteur), l’utilisation de plants sains traités à l’eau chaude a également été rendue obligatoire.

Au niveau de la lutte contre le vecteur, 3 traitements ont été imposés en Saône et Loire contre 1 seul en Côte d’Or. La FREDON et les organismes professionnels ont prospecté le vignoble à l’automne en sensibilisant près de 3000 viticulteurs. Il semble que la maladie soit contenue dans le foyer initial (0,11 ha à arracher), mais qu’elle poursuive son extension géographique (jusqu’au sud Saône et Loire, sud du Côte d’Or, voire la région chalonnaise).

La flavescence à CRUZILLE 

Comme beaucoup de communes du département, CRUZILLE n’est pas épargné.

La découverte d’un foyer important sur la commune de PLOTTES en 2011 et une explosion de la maladie dans le même secteur l’année suivante ( 11 ha de vigne arrachés ) a contraint le préfet à prendre un arrêté nous obligeant à réaliser des traitements insecticides pour stopper la progression de la maladie .

effets-flavescence

Malgré la contestation d’une partie de la profession, tous les viticulteurs ont dû réaliser trois traitements insecticides en raison du fait qu’il n’existe, aujourd’hui, aucune solution alternative.

Dès 2012, notre commune s’est retrouvée dans le périmètre de lutte obligatoire.

En parallèle au traitement, une surveillance du territoire sur chaque commune a été mise en place avec la pose de pièges qui permettent de suivre l’évolution de la population de cicadelles ainsi qu’une prospection du vignoble après les vendanges.

La prospection est une étape importante, elle permet de localiser les pieds présentant des symptômes de jaunisse.

Cette année, à CRUZILLE, la mobilisation pour cette prospection a été très importante, toutes les exploitations étaient présentes ou représentées. Ce n’est pas moins de 15 personnes qui se sont investies dans la bonne humeur.

Les 150 hectares de la commune ont été contrôlés, rang par rang, durant deux jours consécutifs.

Tous les ceps douteux ont été marqués et repérés sur une carte qui a été envoyée à la FREDON .

Plusieurs centaines de pieds présentaient des symptômes et environ 50 prélèvements répartis sur la commune ont été analysés dont 5 se sont révélés porteurs de la maladie.

La maladie est donc bien installée sur notre commune, les pieds marqués doivent être arrachés avant le 31 Mars 2015 afin d’éviter sa propagation.

Les viticulteurs ont pris conscience que ce fléau pourrait détruire le vignoble.

La lutte contre le vecteur sera longue. Des aménagements seront faits en prenant en compte la présence de pieds atteints et les niveaux de populations de cicadelles de la flavescence dorée. La situation à CRUZILLE n’étant pas catastrophique, le préfet nous a autorisés à ne réaliser que deux traitements insecticides en 2014.

L’objectif est de cesser ceux-ci dès que possible, mais en attendant , chacun doit bien respecter le protocole.