Le phylloxéra, quel malheur !

Le phylloxera : ah quel malheur lorsqu’il apparu chez nos voisins de Mancey ! On peut penser que ce drame se déroula de la même façon à Cruzille et que les habitants le vécurent avec autant de douleur et de regret du temps passé où le vignoble était florissant.

Ce texte est extrait du « Dictionnaire du patois de Mancey » écrit vers 1905 par Charles Millot (né à MANCEY le 7 octobre 1841 et mort à BOURBON-LANCY le 4 septembre 1922) et relate comment a été vécue l’apparition du phylloxera dès 1875. Pourquoi un dictionnaire du patois ? C’est la chance de retrouver le fil ténu qui nous relie encore aux générations précédentes, grands-parents, arrières-grands-parents que certains d’entre nous ont entendu parler avec ce langage si plein d’humour et de bon sens.

La version originale en patois suit la traduction en français (mot à mot) réalisée par par Marc Perrin ci-dessous :

Mancey : Oh, ce n’est pas un gros lieu. C’est un petit bout de pays de rien du tout, où il n’y a pas seulement cent maisons, que personne ne connaissait passé deux lieues à la ronde avant qu’il n’y soit arrivé une affaire qui a bien fait du remue-ménage il y a une trentaine d’années, lorsque le phylloxera a tant fait parler de lui.

Et bien c’est dans mon pays, dans nos vignes de Mancey qu’il s’est fourré le premier! Droit dans la vigne de Benoît Colas en Boyaud. Ne voilà-t-il pas qu’un beau jour mon Benoît Colas vient dire au Maire : « Je ne sais pas ce qu’a ma vigne de Boyaud, je crois qu’il y est tombé un éclair, il y a des ceps qui sont crevés, il y en a tout autour des autres qui ne poussent quasi plus. Venez-y donc voir, vous me direz ce que vous en pensez. » Le maire y va avec l’instituteur; ils avaient vu dans une brochure que le Préfet leur avait envoyée, que le Phylloxera faisait dans les vignes des sortes de taches tout comme celles de la vigne à Benoît Colas. Cela en est peut-être bien ? se disent-ils. Ils regardent les racines avec une loupe, pardi c’en était ! Ils écrivirent au père Flochon, leur Conseiller Général et puis au Préfet. Oh à partir de ce moment on a bien connu Mancey. Il en est venu du monde ! Peut-être pas des ministres, mais tout de suite après, le Directeur de l’Agriculture, un Monsieur Tisserand pas plus fier que rien du tout, et puis le Préfet, puis le Président du Conseil Général, Monsieur Mathey, puis des députés, des sénateurs, des journalistes, et puis des Savants, les Messieurs
Thénard, Rommier, Ladrey, Balbiani et des délégués comme Monsieur Gastine qui avait l’air si gentil, avec Monsieur Catte qui avait la langue si bien pendue Et puis des ingénieurs : Monsieur Engel, Monsieur Muntz, et puis des étrangers, des curieux, des inventeurs qui avaient trouvés des remèdes tous meilleurs les uns que les autres, enfin je ne sais plus qui tant. Ah on les a piétinées nos vignes et pour ce que cela a servi. Il a fallu toutes les arracher. Oui ! celles de Leynes, aussi bien que celles de «sur Péroné », celles de Margny, tout comme celles des Crâs. Et après cela, çà a été la misère. Au lieu de sucer de bons coups dans les grands barils, que l’on mettait au frais au bout du rang, il a fallut boire
avec les grenouilles. Par exemple on pouvait vendre les pieux de bois, il y avait bien assez de vieux ceps pour faire du feu !
Il a bien fallu se mettre à labourer, ceux qui avaient épargné et qui avaient rangé « quatre sous » pendant les bonnes années, ont acheté des bœufs, les autres ont attelé leurs vaches. Pour vivre, il fallait bien semer du blé, de l’orge, du maïs, du sainfoin, de la luzerne, des fèves ou bien des vesces, mais tout cela ne fait guère d’argent. Les pauvres
vignerons qui ne trouvaient plus d’ouvrage ont été obligés de foutre le camp, d’aller se faire garçons de café, valets chez les Messieurs, manœuvres au chemin de fer, ou bien de chercher leur pain (mendier). Il n’y avait plus personne dans la moitié des maisons, si bien qu’il y en a éboulé plus de quatre. Il n’y est resté que ceux qui avaient un peu de propriété et qui n’ont pas voulu la laisser en friche. Mais comme ils ont misèré, ce n’est rien de le dire, il faut l’avoir vu !

Pour manger du pain et boire de l’eau, il fallait se lever « à la pique du jour » (à l’aube), panser les bœufs, labourer, herser, sarcler les pommes de terre, cueillir le maïs, en ramasser la paille pour la donner aux bêtes, effeuiller les «panouilles » (épi), les faire sécher dans le four, les égrener, les faire moudre pour faire de grandes marmites de
gaudes. Les enfants étaient obligés d’aller au champs plutôt que d’aller à l’école. Mais la plus grosse privation c’était de ne plus boire de vin où donc le temps, où l’on disait qu’au mois d’Octobre, il y avait plus de vin que d’eau à Mancey ?

Ah avant que ce sacré phylloxera vienne, c’était facile à cultiver les vignes: on prenait un morceau de sarment, on le mettait en terre, il poussait seul.

Travailler les vignes était un plaisir, au printemps les femmes «chotalaient » en ramassant des escargots aux pieds des ceps, pendant que leurs hommes taillaient.

Après cela pendant que l’homme plantait les échalas, les femmes ramassaient les sarments, elles faisaient de ces jolis petits fagots de sarments, qui sont si commodes pour allumer le feu et qui luisent si bien sous la poêle, pour faire cuire une omelette au lard. Après ça on commençait à « somarder » à grands coups de pioches à cornes, les bons ouvriers avaient toujours fini avant la St Georges, que les vignes verdoyaient d’un bout à l’autre. Après çà on binait, on tierçait avec la pioche plate. Aussitôt que ceci était fait, on allait faucher les prés: il n’y en a pas gros (des quantités) de prés à Mancey, mais ce sont de bons, il y pousse pas de joncs, ni de laiches, ni de « beurais »(1) , ni de prêles, mais de la centaurée, du petit trèfle, du serpolet, des salsifis des prés, du fromental, de la renoncule et quelques marguerites. Tout cela fait que les vaches ont du bon lait, qui fait du bon fromage blanc, du bon lait caillé, du petit lait pour engraisser les
cochons de lait, et aussi de la crème qui se tient debout et enfin du beurre qui sent la noisette.

Quand le foin est monté au fenil, il est presque temps de moissonner, les petites parcelles de blé qu’on a semé aux Balouges ou en Neçiot, dans les lieux où la vigne craint la gelée, et où on ne récolterait pas du bon vin. Mais tout de même on est encore bien content d’avoir un petit tas de blé sur son grenier, et puis un petit peu de paille pour faire la litière, seulement on a de la peine pour le ramasser, « je vous fous mon billet » qu’on mouille sa chemise, quand on est accroupi le nez dans la paille, et qu’on se pique les doigts avec les chardons ou bien les arrêt-boeufs ou les «diablotins»(2). Quand on a moissonné tout le jour, enjavelé, lié les gerbes, chargé le char, on est bien sûr d’avoir
« l’ac’eulère »(3) quand c’est nuit. On a pourtant fait la sieste à l’ombre d’un noyer, la tête sur une javelle, mais cela ne fait guère le compte, on est bien content d’aller se coucher. Mais ce n’est pas le tout de ranger la moisson, il faut la battre, ce n’est pas drôle d’être tout le jour dans une grange à taper sur l’aire à grands coups de fléau en avalant de la poussière qui vous fait tousser; mais du temps où on avait des vignes, ça ne durait pas longtemps.

Aussitôt qu’on commençait à voir le début de la vairaison on se préparait pour vendanger, on s’en allait relever les vignes en faisant des beaux « portails » en attachant deux ceps l’un avec l’autre pour que ce soit plus facile à circuler dans les rangs. Et on raccommodait les paniers et les hottes, on aiguisait les serpettes, on « décrayait »(4) les fûts, on remettait les cercles qui manquaient, on étuvait les pressoirs et les cuves et aussi les bennes; même qu’on misèrait assez les années de sécheresse quand les puits étaient taris, qu’il n’y avait plus d’eau ni en Montât, ni vers Gette, ni vers Cruzille, qu’il fallait en aller chercher avec des tonneaux sur des tombereaux jusqu’à la fontaine de Dulphey, et parfois jusqu’à la Doue. Mais lorsqu’il y avait assez de raisins, on s’en moquait bien. Aussitôt qu’il y en avait un qui avait
commencé (de vendanger) tout le monde trouvait les raisins assez murs, et voilà les brigands de vendangeurs qui partaient de tous les côtés, on ne voyait que de çà, sur Péronne, aux Crâs, aux Reconales, en Merjuru, partout où c’est le plus printanier. Il ne demeurait personne dans les maisons, tout le monde partait, aussi bien les vieux qui baissent le dos, que les petits malingres qui ne sont pas plus hauts que leurs paniers. Le plus fort de l’équipe porte la hotte, les bennes sont en rang au bout de la vigne, sur le côté du chemin, le porteur de la hotte y verse les raisins à pleine hotte, il les tasse sans faire attention aux guêpes qui lui piquent les mains qu’il a toutes rouges d’avoir broyé les grains de raisins. C’est aussi lui qui aider au bouvier à charger les bennes, cinq ou six sur la même charrette. Il ne faut pas être manchot pour hisser une grosse benne sur une charrette, les premiers coups de cornes de la benne vous font bien une raie bleue
sur la peau, de même que ceux qui charrient tout le jour et qui les portent au « pal »'(5) dans la cuve, ont bien l’épaule talée le soir.
Encore çà va bien lorsqu’il fait chaud, mais quand il pleut c’est là qu’on est pas à son aise. On piétine dans la boue. On a de la terre plein les sabots et au cul des paniers, qu’on ne peut plus traîner, mais tant pis, une fois qu’on a commencé, il faut bien continuer, on ne peut pas laisser aigrir (6) la cuve.

Remarque : Dans le patois de nos communes, et notamment à Mancey, le passé simple n’est jamais utilisé. On emploie le présent de l’indicatif, l’imparfait et le passé composé.

(1)Herbe de mauvaise qualité
(2) Grains vidés de la petite renoncule
(3)Fatigue que l’on ressent lorsque l’on a été trop longtemps « ac’eulé » accroupi
(4) Enlever la craie, le tartre déposé sur les parois des fûts
(5)Forte pièce de bois à l’aide de laquelle deux hommes transportent une benne
(6) A cette époque, la vinification traditionnelle voulait que l’apport des raisins dans la cuve fût journalier jusqu’à remplissage complet, sans cette précaution la cuvée risquait de produire du vin ayant tendance à aigrir.

Et voici la version en patois dont le maire était alors l’auteur. Ce texte a dû être écrit vers 1905 puisqu’il est fait allusion comme remontant à une trentaine d’années, à l’apparition du phylloxera qui eut lieu à Mancey en 1875 :

Mancy : Oh y est pas in greu endra, y est in chetit bout de pays de ren du tot queva y a pas seurement cent maijans, que neguin ne cougnaichait passé deux lieues la rande devant qu’in’y sait arrivé eune affâre qu’a bien fait du rebullement y a eune trentain-ne d’an-nées quand le phylloxera a tant fait parler de liune.

A bin y est dans man pays, dans neutés vignes de Mancy qu’o s’est fôrré le premé, drat dans la vigne à Benoit Colas en Bouyau. Via t’i pas qu’in biau jo man Benoit Colas vint dire au Mâre : « J’sais pas s’qu’a ma vigne de Bouyau, j’cra qu’y z’y a cheut eune élidôle, y a des chots qu’sant cravés, y en a tot au to des aut’ qué n’poussant causu ren. Venez y dan voir, vos d’direz ce que vos en pensez. » Le Mâre y va dave le maît’ d’écôle; i avint vu dans in ptiet livre que le préfet les y avait envié que le phylloxera fiait dans les vignes des espèces de taiches tot c’ment stines d’la vigne à Benoit Colas. Y en est p’tête bin qu’i s’aiant, i regardant les raceunes ave eune loupe, pardié y en était ! I crivant au père Flochon, leu canseiller général, a peû au Préfet. Oh de ce moment an a bin cougnu Mancy .Y en est veni du mande. P’tête pas t’t’à fait des ministres mâ, tot d’suite après le Directeur de l’Agriculture, in M. Tisserand pas pu fier que ren du tot, a peû le Préfet, a peû le Président du Conseil Général M.Mathey, a peû des députés, des sénateurs, des journalisses, a peû des savants les mossieux Thénard (1) , M.Romier, M.Ladrey (2) , M.Balbiani (3) , a peû des délégués c’ment M.Gastine (4) qu’avait l’ar si gentit ave M.Catta (5) qu’aviat la langue si bin pendue, a peû des ingénieurs, M.Engel (6) , M Muntz (7) a peû des étrangis, a peû des c’eurieux, a peû des inventeux qu’avint troué des remédes tos maillo les in qu’les aut, enfin j’sais pas quû tant. Ah an les a gaugi neutés vignes a peû pa s’qu’y a sarvi! Y a falu totes les arrégi, oue, sténes des Leynes assi bin que sténes de su Pareune, sténes de Margny tot c’ment sténes des Crâs. A peû après cen y a été la misare. Au lieu de chuchi des bans côs dans les grands batis qu’an mentait au frais au bout de la ranche y a falu boire ave les gornailles. Par exemplle an pouyait vendre les paus de beû, y avait bin prou de vieux chots pa fâre du fû .Y a dan falu se mentre à labourer, stés la qu’avint étaugi peû qu’avint rangi quat’sous padant les bonnes an-nées ant ageté des bûs, les aut’ ant applia leux vaiches, pa vivre i falait bin soner du blié, de l’ôrge, du treuquis, du sainfoin, de la lizarne, des fâves ou bin des vaches, mâ tot cen ne fa guère de sous. Les pauvres vignerans que ne trouint plieu d’ovrage ant été eubligis de fout’le camp, d’aler s’fâre garçans de café, valots chez les mossieux, manoeuvres au chemin de fé ou bin de charchi leur pain. I n’y avait plieu neguin dans la moitié des maijans si bin qu’y en a ébeuilli pu de quatre. I n’y a demoré que stés qu’avint in bout de beutin qu’in n’ant pas voulu laichi en tope. Mâ ce qu’i ant misaré y est ren d’y dire, faut y avoir vu!.

Pa miji du pain a peû boire de l’iau falait s’lever à la pique du jo, panser les bûs, labourer, harsi, saiclier les tapines, cudre le treuquis, ramasser la panechère pa la donner es bâtes, effeuilli les paneuilles, les fâre sachi dans le fo, les évougrer, les fâre môdre pa fâre des grandes marmites de plé. Les ptiets étant eubligis d’aler en champ puteut que d’aler à l’écôle. Mâ la pu greusse privatian y était d’ne plieu boire de vin. Queva dan le temps qu’an diait qu’au mois d’octobre y avait pu de vin que d’iau à Mancy ?

Ah! devant que ce sacré phylloxera vene y était cmeude à fâre des vignes: an prenait eun éc’eut d’sarment, an le foutait en tarre, o poussait tout sou. Traveilli les vignes était in pliaiji au printemps les fanes chotalint en ramassant des escargueuts au pid des chots padant que leux hommes sarpint; après cen padant que l’homme pliantait les paicheaux les fanes sarmentint; i fiint de ces braves ptiets fagueuts de sarment que sant si c’meudes pa enmegi le fû peû que luant si bin seu la casse pa fâre c’eure eune omoulette au lâ. Après cen an commachait à somarder à grands côs de plieuche à cornes, les bans ovrés avint tojo fini devant la Saint Geôrges que les vignes luyatant d’un bout qu’autre. Après ce an benait, an tierçait ave la plieuche pliate. Asseteut que cen était fait an alait sâ les prés; y en a pas greu des prés à Mancy mâ y est des bans.

Y z’y pousse point de jancs, ni de lauches, ni de beurais, ni de coues de rates mâ du chagnan, du ptiet triclet, du plieut, d’la cananeû, du frementeau, du pipou a peû quéques marguites, tot cen fa du ban foin cen fa que les vaiches ant du ban que fa du ban fremage blianc, du ban cailli, de la laitée pa engraichi les neurins, a peû de la crâme que s’tint debout, a peû du beurre que sent la neuzille Quand le foin est manté au foinné y est causu temps de machonner les ptiets bouts de blié qu’an a sonés es Balouges ou en Neciot, dans les endras geva la vigne crint la geleé peû qu’y n’farait pas du ban vin. Mâ tot de moinme an est encore bin cantent d’avoi in ptiet mouyau de blié su san gueurné a peû eune secca de peille pa fâre la letire. Seurement an a d’la poin-ne pa y ramasser, je vos fout man billet qu’an mouille sa chelige quand an est acbi le nez dans la peille a peû qu’an s’pique les das après les chardans ou bin les rerebeus ou les diablieutins. Quand an a machonné tot le jo, enjevalé, lâ les gearbes, chargi le chai an est bin seur d’avoi l’ac’eulére quand y est né. An a partant dremi d’au méde à l’ambre d’in noué, la tête su eune jevale mâ cen ne fa guère le camte, an est bin cantent d’s’aler couchi. Mâ y est pas le tot de rangi la machan i faut l’écôre, n’y est pas dreule d’être tot le jo dans eune grange à taper su l’airée à grands côs d’écoussou en évalant d’la poussière que vos fâ teussi; mâ du temps qu’an avait des vignes cen n’deurait pas langtemps.

Asseteut qu’an commachait à voi d’la greme vâre an s’préparait pa vendengi an s’en alait relever les vignes, an fiait des braves porteaux en trenant deux chots l’in dave l’autre pa qu’y sait pu cmeude à passer dans les ranchs a peû an racmeudait les panés, peû les heuttes, an aigujait les gouettes, an décrayait les pansans, an rementait les saclles que manquint, an écuait les pressois peû les cûes peû les banes. Moin-mement qu’an trapissait prou les années années sentie quand les pouits étint téris, qu’i n’y avait plieu d’iau ni en Mantâ, ni vé Gete, ni vé Cruzille, qu’i falait en aler charchi ave des tonnes su des tambriaux jeusqu’à la fantain-ne de Drefy peû des fois jeusqu’à la Doue! Mâ quand y avait prou de raijins an s’en foutait bin, asseteut qu’y en avait in qu’avait coumachi tot le mande y trouait prou meu peû vla les brigades de vendengeoux que partint d’tos les côtés, an n’viait qu’de cen su Pareune, es Crâs, es Raconnales, en Merjuru, partot queva y est le pu printanié. I ne demorait neguin dans les maijans, tot le mande partait assi bin les vieux que baichant le deû que les chetits rachets que sant pas pu hauts que leu pané. Le pu feû de la brigade porte l’heutte, les banes sant en ranche au bout d’la vigne dans la cotain-ne du chemin, l’heutté y varse les raijins à plieine heutte, o les frâ sans fâre attention es grandes que li piquant les mains qu’ol a tote roges d’avoi brâ les gremes de raijins Y est ato liune qu’aide au boué à chargi les râs, cinq ou chi su la moinme charatte. Faut pas être minchot pa chodre in ban râ su eune charatte.
Les pemés côs la corne d’la bane vos fâ bin eune rae blieue su la piau, de moinme que stés qu’en voiturant tot le jo que portant au pau dans la cûe ant bin l’épaule talée le sa. Encore cen va bien quand i fa chaud mâ quand i pliot y est itié qu’an est pas à san âge! An gauge dans la corbe an a d’la tarre plien ses sabeuts a peû au cu des panes qu’an ne peut plieu train-ner, mâ tant pire, eune fois qu’an a commanchi i faut bin cantinuer an ne peut pas laichi agri la cûe.

(1)Baron Thénard. membre de l’Académie des sciences.
(2) Ladrey. professeur de chimie à Dijon,
(3) Balbiani, professeur d’histoire naturelle à Paris.
(4) Gastine, délégué régional pour le phylloxera. à Marseille.
(5) Catta. délégué régional pour le phylloxéra, à Narbonne.
(6) Engel. ingénieur à Bâle (Suisse).
(7)Muntz, Directeur du laboratoire de l’institut agronomique.