L’agriculture biologique à Cruzille

Deux vignerons indépendants en agriculture biologique aujourd’hui

Deux exploitations viticoles indépendantes, en agriculture biologique existent à Cruzille : le Domaine Guillot-Broux et Les vignes du Maynes. À l’origine c’est leur grand-père commun, Pierre Guillot qui créa en 1954 l’une des premières exploitations viticoles en agriculture biologique. Deux fils ayant poursuivi l’activité, chacun de leur côté, ce sont aujourd’hui les petits fils qui conduisent les deux exploitations. À elles deux, ce sont près de 25 ha en viticulture biologique à Cruzille, soit globalement 1/6° du vignoble de la commune (avec une partie sur Grevilly et Chardonnay) couvrant 3 appellations : pour les blancs, “Mâcon-Cruzille”, (Mâcon-Grevilly a fusionné avec Mâcon-Cruzille) et pour les rouges “Bourgogne” et “Mâcon-Cruzille”, auxquelles on ajoute, pour l’une du “Crémant” et pour l’autre du “Mâcon-Chardonnay”.

Le domaine Guillot Broux, créé en 1978 par Jean-Gérard Guillot, est géré aujourd’hui par ses trois fils Ludovic, Patrice et Emmanuel qui se répartissent les différentes tâches d’exploitation, en viticulture biologique, avec 17ha répartis en 9 ha de blancs (Chardonnay) et 8 ha de rouge (Gamay et Pinot noir).

Ils cultivent et vinifient de façon traditionnelle. La taille en baguettes Guyot simple et cordons Royat permet de limiter les rendements (50hl/ha en moyenne sur les rouges et 40hl/ha pour les blancs), les vignes sont labourées. Les vendanges sont manuelles. L’élevage est fait en fûts de chêne, pièces bourguignonnes de 228 l, sans levure exogène. Leur production annuelle moyenne est de 85 000 bouteilles certifiées Ecocert, vendues au niveau national et international.

Les Vignes du Maynes est le domaine historique. Ses terres auraient été exploitées à l’origine par l’Abbaye de Cluny. Aujourd’hui, Julien Guillot, fils d’Alain, exploite en biodynamie le clos des Vignes du Maynes de 6,60 ha et une terre « En Chassagne » de 1,50 ha, soit 7,60 ha au total dont 1/3 en chardonnay, 1/3 en gamay et 1/3 en Pinot noir, permettant la production de 30 000 bouteilles, en moyenne, par an.

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Le vin biologique ? Le soufre

Plusieurs Labels existaient depuis longtemps, AB (Agriculture biologique ), DEMETER (label de Bio-dynamie)… Depuis 2012, une charte de vinification européenne décrit des conditions très strictes à respecter telles que : concentration en SO2 ( inférieure à 150mg / l de soufre pour les blancs et inférieure à 100mg /l pour les rouges ), présence interdite de ferrocyanure, chaptalisation uniquement avec des sucres ou moûts concentrés rectifiés issus de l’agriculture biologique. Les levures utilisées doivent être biologiques, garanties sans OGM.

C’est le respect de cette charte qui va permettre, d’apposer la mention «Vin biologique».

L’agriculture biodynamique, que Julien Guillot pratique depuis 1998, est un système de production agricole inspiré par l’anthroposophie, dont les bases ont été posées par Rudolf Steiner dans une série de conférences données aux agriculteurs en 1924.

L’agriculture bio-dynamique possède de nombreux points communs avec l’agriculture biologique, comme la non utilisation de produits de synthèse lors des traitements contre les maladies. Par contre, en viticulture par exemple, le cuivre est utilisé à des doses limitées à 15 kilogrammes par hectares pour 5 ans pour une moyenne de 3 kg à l’année soit moitié moins qu’en biologique. Pour limiter l’utilisation du cuivre, des tisanes et des décoctions de plantes comme la prêle, l’ortie ou l’osier sont incorporées aux bouillies de traitements, les substances naturelles contenues dans ces plantes sont diffusées dans l’eau des tisanes et assurent une protection contre le mildiou permettant l’usage du cuivre à des doses beaucoup plus faibles qu’en viticulture biologique.

Elle prend également en compte l’influence magnétique de la terre, de la lune et du soleil dans le développement de la plante et de ses défenses naturelles. La biodynamie utilise par ailleurs les plantes et les minéraux, sous forme de dilutions et de macérations afin de soigner et équilibrer les cultures. La biodynamie en viticulture s’est développée depuis une cinquantaine d’années en France et est assez répandue aujourd’hui. Des vignobles prestigieux comme le domaine de la Romanée-Conti en Bourgogne, sont aujourd’hui cultivés en biodynamie.

Notre vigneron, s’appuie sur le calendrier planétaire de Maria Thun, qui indique l’influence des 12 constellations et des 4 éléments fondamentaux : les jours racine (terre), jours feuille (eau), jours fleur (air) et jours fruit ( feu).

Les préparations sont à base de compost de bouse de corne, de silice, etc….

Il pratique depuis 2009 une taille en Guyot Poussard, qui favorise la circulation de la sève en double flux et limite les plaies de tailles qui contribuent à l’apoplexie des ceps attribuée jusque là à l’esca.

Lorsqu’on parle des atteintes graves que subit la vigne, Julien apparaît relativement optimiste et il souligne qu’un certain nombre de vignerons et viticulteurs se rassemblent pour mener des réflexions sur ces dangers et organiser des formations.

Il remarque que la prospection contre la flavescence dorée s’est bien organisée, ainsi que les zonages de traitements. Il faut que tous exigent auprès des fournisseurs de greffes une vigilance extrême pour limiter la circulation de greffes contaminées.

La lutte contre la flavescence dorée et contre l’Esca est donc au cœur de ces débats, et il faut absolument que tous réfléchissent à des alternatives aux traitements pesticides, terriblement dommageables pour toute la biodiversité (dont les viticulteurs eux-mêmes, leurs familles et tous les habitants des régions traitées!).

“La terre ne t’appartient pas, tu l’empruntes à tes enfants” ont dit ces familles à leurs enfants. Cela ne résume-t-il pas l’importance de prendre soin du capital que l’on va transmettre aux générations futures ? Respecter l’environnement c’est aimer la vie et croire en l’avenir.