Y-a-t-il une race, une espèce particulière d’escargots en Bourgogne et nulle part ailleurs? Oui et non. On en trouve dans beaucoup d’autre régions, de France et même d’Europe. On en mangeait déjà à l’époque romaine, puis au Moyen-âge et à la Renaissance.
Aujourd’hui l’escargot est consommé dans de nombreux pays du monde, mais il demeure associé à la gastronomie française, et plus particulièrement à celle de la Bourgogne. Étrangement, sa réputation a été faite en Russie, au XIXe siècle. A cause d’un repas fameux. Nous sommes en 1814. Talleyrand, intendant de Napoléon, doit déjeuner avec le tsar Alexandre, en visite en France. Le repas doit se dérouler dans une auberge de Bourgogne, mais mitonné par le grand cuisinier Antonin Carème, le premier de l’histoire à avoir porté le titre de “chef”.
Quand le tsar rentre à Moscou, il dit : “j’ai mangé des escargots de Bourgogne”. Et il demande qu’on lui refasse la recette. Depuis deux siècles, ce sont toujours les mêmes cinq ingrédients : ail, persil, beurre, sel, poivre.
Dans les années 1970, l’espèce autrefois très abondante dans la région, disparaît peu à peu du paysage bourguignon, à cause du ramassage intensif, et surtout de l’utilisation croissante des pesticides. Le ramassage est interdit durant la période de reproduction du 1er avril au 30 juin par l’arrêté ministériel du 24 avril 1979. Par respect pour la nature et le plaisir de pouvoir continuer le ramassage des escargots, il est indispensable de respecter en tout point cette réglementation !
En dehors de cette période, le ramassage des escargots de Bourgogne est autorisé pour les spécimens dépassant 3 cm de diamètre.
L’appellation “escargot de Bourgogne” a pour nom savant helix pomatia , Bourgogne une espèce à la coquille striée de bandes brunes et qui s’enroule toujours sur la gauche.
L’escargot Helix pomatia mesure, pour la taille de la grosse coquille, de 4 à 5,5 cm pour un poids adulte de 25 à 45 grammes. Il possède 4 tentacules, dont les 2 plus grandes portent les yeux, la mâchoire est formée d’une râpe dure, l’escargot possède donc environ 20 000 dents ! Ils sortent au printemps et au début de l’hiver, ils creusent une galerie de 30 cm où ils passeront la saison froide. L’hélix pomatia rentre dans sa coquille pour hiberner. Il vit en moyenne 8 ans, mais peut atteindre 20 ans !
Herbivore, l’escargot de Bourgogne se nourrit de plantes, de fruits et de déchets. L’escargot, qui est hermaphrodite, pondra ses œufs dans des trous courant mai. Il pond jusqu’à 50 œufs, recouvert d’un mélange de bave et de terre qui les laisse humides. 1/3 d’entre eux meurent après la ponte. Les petits sortent 3 à 4 semaines après la ponte.
Cette espèce vit dans les forêts ouvertes et arbustives et les habitats ouverts, des jardins, des vignes, en particulier le long des rivières, limitée à un substrat calcaire. Il préfère une humidité élevée et des températures pas trop élevées, et doit disposer de terre meuble pour creuser des terriers pour hiberner et pondre ses œufs. Il vit jusqu’à 2100 m d’altitude dans les Alpes, mais le plus souvent en dessous de 2000 m.
L’escargot de Bourgogne est généralement considéré par les amateurs comme ayant un goût plus marqué et à la chair plus ferme que le petit gris.
L’escargot petit-gris vit dans les plaines, les forêts ou dans les jardins. Il préfère les endroits humides et sombres comme sous les feuilles des plantes ou sur un mur ombragé. Bien qu’on le rencontre aussi bien dans les régions tempérées que chaudes, il n’aime pas être exposé au soleil et aux fortes chaleurs.
Nous avons tous un jour été surpris au détour d’une randonnée ou simplement dans notre jardin par un serpent qui se faufile furtivement devant nous ou plus nonchalamment par un crapaud qui reste là immobile tapi dans les feuilles ou dans un tas de pierre.
Les reptiles et amphibiens sont des animaux bien particuliers aux caractéristiques étonnantes. Ce sont notamment des animaux à sang froid, c’est-à-dire que leur corps ne peut pas produire de chaleur et leur température corporelle varie avec la température externe. Ils peuvent cependant influencer leur température en restant dans un endroit chaud ou froid.
Souvent victimes de leur mauvaise réputation, bien injustifiée, les reptiles et amphibiens inspirent généralement la crainte et la répugnance. Ce sont pourtant des êtres fragiles, eux-mêmes craintifs, pour la plupart d’entre eux totalement inoffensifs, et qui ont leur rôle à jouer dans l’équilibre écologique des milieux. Ils témoignent notamment de la qualité de l’environnement. Ils sont présents dans la plupart des habitats naturels. Les amphibiens et certains reptiles ont besoin de zones aquatiques tandis que d’autres vont rechercher l’aridité et la chaleur des landes et pelouses sèches.
Nous pouvons donc les rencontrer dans les différents milieux naturels de notre commune : les vignes, les pelouses sèches, les bords de l’Ail, dans la serve place du lavoir etc…
Peuplant la terre depuis quelques 350 millions d’années, ils sont cependant aujourd’hui menacés de disparition et ainsi protégés à l’échelle nationale, voire européenne pour certains d’entre eux.
Alors, passons outre nos peurs ancestrales infondées et prenons le temps de les observer !
Les reptiles
Les reptiles représentent une vaste famille allant des serpents aux crocodiles en passant par les tortues. Nous ne traiterons ici bien sûr que des espèces que nous pouvons rencontrer sur notre commune, à savoir les serpents (couleuvres, vipères, orvets) et les lézards (lézard commun et lézard vert).
Caractéristiques étonnantes des serpents :
Un corps recouvert d’écailles sèches (ils ne sont donc pas gluants),
Une absence de pattes (leur mode de déplacement est la reptation c’est-à-dire un appui sur les écailles ventrales),
Une absence de paupières (une écaille transparente comme une lunette protège leurs yeux),
Une grande mobilité des os de la tête pour leur permettre d’ingérer des proies très volumineuses,
Ils sont presque totalement sourds. Par contre, ils ressentent très bien les vibrations du sol et leur langue leur permet de détecter les odeurs (grâce notamment à l’organe de Jacobson),
Leur sang est froid (leur température varie avec le milieu),
Ils muent régulièrement c’est-à-dire qu’ils changent de peau 2 à 3 fois par an pour grandir,
Ils hibernent. Pendant une période de 5 à 6 mois (période hivernale), les serpents cessent toute activité et se cachent dans un trou sous la terre, dans une souche, sous le fumier ou sous un tas de feuilles. Durant cette trêve hivernale, les couleuvres, vipères et lézards peuvent hiberner ensemble dans le même refuge. L’hibernation est obligatoire car les serpents ne pourraient pas survivre au froid,
Ils sont capables de jeûner très longtemps (plusieurs mois). Leurs besoins énergétiques sont en effet très faibles (20 fois inférieurs à ceux d’un mammifère) du fait qu’ils sont à sang froid (pas d’énergie à dépenser pour conserver une chaleur interne) et que leurs mouvements sont limités.
Ils pondent des œufs après l’accouplement au printemps. La couleuvre est ovipare (elle pond des œufs qu’elle abandonne dans le milieu naturel) tandis que la vipère est ovovivipare (les œufs sont conservés et protégés à l’intérieur du corps et éclosent au moment de la mise bas).
Couleuvre ou vipère ?
Les couleuvres, des serpents non venimeux
La couleuvre craint l’homme et le fuit. Lorsqu’ on l’attrape, elle ne se sert que très rarement de ses dents qui sont très courtes, et sa mâchoire s’ouvre assez peu. Elle souffle lorsqu’elle se sent menacée. Pour sa défense, elle a développé plusieurs stratégies : lorsqu’elle est saisie, elle émet des excréments imprégnés d’une odeur nauséabonde, Il faut se laver les mains plusieurs fois pour diminuer ce délicieux parfum ! Il lui arrive aussi de “jouer à la morte” : elle se tord, se met sur le dos, entrouvre la gueule et laisse pendre la langue, tout en restant immobile. Au bout d’un moment, s’il ne s’est rien passé, elle se remet promptement sur le ventre et, profitant de l’effet de surprise, fuit sans demander son reste.
Animal diurne, elle passe le plus clair de son temps à se réchauffer au soleil ou à la recherche de ses proies favorites : amphibiens, grenouilles, tritons, crapauds, poissons, lézards et petits rongeurs. Les jeunes mangent aussi des insectes. N’ayant aucun moyen de tuer ses proies, qu’elle repère aux mouvements, elle les saisit par n’importe quel endroit du corps et les déglutit vivantes. Elle les digère ensuite grâce à de très puissants sucs digestifs. Comme tous les serpents, la couleuvre est dépourvue d’articulations mandibulaires ce qui lui permet d’avaler des proies beaucoup plus volumineuses que la taille de sa tête.
Toutes les couleuvres sont protégées. Il est ainsi interdit de capturer ou de détruire les individus ainsi que les œufs.
Couleuvre verte et jaune
Nous pouvons trouver cette belle couleuvre dans les endroits secs, ensoleillés, broussailleux et rocheux de notre commune.
Longue de 80 cm et 2 m, elle présente des couleurs variant du noir au vert foncé ponctué de taches jaunes.
Si elle se sent inquiétée, elle peut se dresser et tenter de mordre son « agresseur » mais sa morsure est inoffensive.
Elle grimpe volontiers dans les arbres et buissons et peut fréquenter occasionnellement les milieux humides
Couleuvre à collier
Mesurant entre 1m (pour les mâles) à 1m60 (pour les femelles), la couleuvre à collier se distingue facilement par son anneau jaune-blanc autour de sa tête. Très marqué au plus jeune âge, cet anneau s’efface avec le temps. Le reste du corps présente des nuances de gris avec des taches noires sur le dos.
Cette couleuvre, très fréquente, est présente partout en France. Elle aime vivre à proximité de l’eau. Elle est capable de nager voir de plonger (elle peut rester 15 mn sous l’eau). Les jeunes couleuvres fréquentent les mares, étangs, rivières et lacs, à la recherche de nourriture. On peut en voir nager dans la serve sur la place du lavoir.
Elle chasse le jour, souvent dans l’eau. Aux heures de grandes chaleurs, elle peut se reposer pour se réchauffer au soleil ou attendre calmement dans l’eau fraîche.
Couleuvre d’esculape
Très élégante, notamment par son aspect luisant, cette couleuvre présente une couleur brun-vert olivâtre. Elle mesure en moyenne 1m50 de long.
On la rencontre dans les bosquets, les prairies, les milieux arides ensoleillés, les murs en ruine, les coteaux rocheux…
C’est un serpent au comportement arboricole. Elle est très agile pour grimper dans les arbres voir sur les charpentes et les murs.
Pour tuer de grosses proies, elle utilise la constriction c’est-à-dire qu’elle les étouffe en les serrant avec ses anneaux.
Les vipères : la vipère aspic
À la différence des couleuvres, la vipère aspic utilise son venin pour tuer ses proies mais aussi pour se défendre d’où des morsures pouvant être mortelles. Cependant, les décès suite à une piqûre de vipère restent rares (en moyenne 1 cas par an en France c’est-à-dire bien moins que les piqûres de guêpes, frelons ou abeilles qui comptent 50 décès par an).
À ne pas confondre avec la couleuvre vipérine totalement inoffensive à laquelle elle ressemble beaucoup (sauf qu’elle a les pupilles rondes).
La vipère est protégée par les conventions internationales ainsi que par la législation française.
L’orvet, un « serpent » qui n’en est pas un !
En dépit de son apparence, l’orvet n’est pas un serpent mais un lézard qui a perdu ses pattes (en raison de son mode de vie fouisseur).
Cette espèce, souvent victime de l’Homme qui le confond avec un serpent, est pourtant totalement inoffensive et par ailleurs bien utile aux jardiniers (elle se nourrit de limaces, de cloportes, de vers et de petits escargots).
Il ne dépasse pas les 50 cm de long et possède le pouvoir d’autonomie comme les lézards, à savoir qu’il peut se défaire de sa queue pour leurrer un éventuel prédateur. Enfin, à la différence des serpents, ses paupières sont mobiles.
Les lézards : le lézard vert
Les lézards sont des reptiles qui, à la différence des serpents, disposent de 4 pattes et d’oreilles à tympan.
Ce très beau lézard peut s’observer sur nos murgers ou nos pierriers à condition d’être discret.
Il présente des couleurs vertes, bleues, jaunes magnifiques (notamment pour le mâle). Il mesure en moyenne 25 à 30 cm et sa queue est deux fois plus longue que son corps.
Son régime alimentaire est composé d’insectes, de coléoptères, des oeufs d’oiseaux, d’autres petits lézards, de larves, d’araignées et de lombrics, voir des fruits.
Les lézards verts hibernent d’octobre à avril, s’accouplent en mai et pondent des œufs qui incubent pendant 2 à 3 mois.
Les amphibiens
Les amphibiens sont une classe de vertébrés dans laquelle on retrouve les grenouilles, les crapauds, les tritons, les salamandres. Ils présentent des caractéristiques bien spécifiques : ce sont des animaux à sang-froid dont la peau joue un rôle essentiel. Couverte de glandes, ces dernières produisent des sécrétions (toxines) empêchant les bactéries et les champignons de pousser sur la peau ou permettant de repousser les prédateurs. Cette peau leur permet une autre forme de respiration que celle de leurs poumons et par ailleurs d’absorber de l’eau car les amphibiens ne boivent pas.
Crapaud commun
Crapaud sonneur à ventre jaune (attention espèce en danger ! )
Ce tout petit crapaud (3,5 à 5 cm de longueur) est une espèce protégée emblématique du site Natura 2000 Grosne-Clunisois dont le secteur de Fragnes fait partie.
Nous pouvons le rencontrer dans la forêt et notamment dans les mares, ornières ou flaques d’eau durant la période de reproduction soit d’avril à mai.
Pour le voir, il faut avoir l’œil. En plus de sa petite taille, il présente une face dorsale gris-marron plutôt terne ressemblant à de la terre glaise ce qui lui assure un camouflage parfait au sein de son habitat. Cependant, on peut le reconnaître facilement grâce à sa face ventrale jaune et noire caractéristique. Cette coloration qui contraste nettement avec son dos est un stratagème de défense. En effet, quand il est dérangé ou agressé par un éventuel prédateur, le petit crapaud se retourne sur le dos et dévoile ainsi ses couleurs afin d’effrayer son agresseur. Si cela ne suffit pas, il peut libérer un liquide visqueux qui est un poison irritant pour les yeux et qui dégage une odeur repoussante. Il est également reconnaissable à la pupille de son œil en forme de cœur.
Il se nourrit d’insectes, de vers, de petits crustacés et mollusques. Il hiberne d’octobre à avril. Au printemps, il se reproduit et ponds ses œufs dans différentes mares.
Le sonneur à ventre jaune est une espèce protégée. Il fait partie des sept espèces d’amphibiens menacées de disparition en France (catégorie “espèce vulnérable” sur le territoire métropolitain).
Les causes principales de sa disparition sont liées à la destruction de ses habitats par assèchement des zones humides, canalisation des rivières, mécanisation de l’agriculture, artificialisation des sols, suppression des friches et de la végétation en bordure des champs…
Tritons palmés, crêtés et alpestre
Facilement observables au printemps dans les lavoirs (ceux de la commune), les mares ou tous points d’eau où ils se reproduisent, les tritons sont de magnifiques petits êtres à découvrir et faciles à observer (en fin de journée ou le soir avec une lampe torche dès le mois de mars).
Le triton palmé est le plus petit des tritons (6 à 7 cm de long). De couleur plutôt brune avec les flancs tachetés de noir, le mâle se reconnait bien en période nuptiale, grâce à ses pattes postérieures palmées.
Faisant penser à un animal exotique, le triton alpestre mâle, en période de reproduction, est une splendeur pour les yeux avec son dos bleu, sa crête tachetée noire et blanche et surtout son ventre orange vif. La femelle, de plus grande taille (environ 10 cm), présente une coloration bien plus discrète.
Enfin, le triton crêté, plus grand que les deux précédents (entre 12 à 18 cm), porte bien son nom. En effet, à la saison des amours, le mâle se pare, sur le dos et la queue, d’une crête impressionnante, très découpée, qui lui confère l’allure d’un petit dragon renforcée par sa couleur noire à brun foncé.
Pour accueillir des tritons dans votre jardin, rien de plus simple. Il suffit de créer une petite zone d’eau (vieille bassine ou vieille baignoire enterrée feront l’affaire), partiellement ombragée, peu profonde (maxi 1m) avec de la végétation (pour que madame triton puisse déposer ses œufs) et dépourvue de poissons. Une rampe d’accès sera nécessaire pour sortir de la zone aquatique (morceau de bois, …).
Pour se reposer la journée à l’abri des prédateurs, vous pouvez installer à proximité du point d’eau un tas de pierres, des souches, des feuilles mortes ou du paillis.
Enfin, les tritons étant très sensibles à la pollution de leur habitat, bannissez les pesticides et insecticides de votre jardin et découvrez ainsi une nouvelle façon de lutter contre les indésirables.
Salamandre tachetée
La salamandre tachetée est très facilement reconnaissable. Elle se distingue notamment par ses couleurs jaunes et noires caractéristiques. Elle mesure entre 15 et 20 cm et présente une peau luisante.
Ovovivipare, elle pond des œufs qui restent dans le corps de la femelle et éclosent au moment de la mise bas.
De mœurs nocturnes et terrestres (sauf pour la ponte qui est réalisée dans le milieu aquatique peu profond), elle aime sortir par temps humide. On peut souvent l’observer, en période de reproduction, traversant les routes mais elle en fait aussi, malheureusement, très souvent les frais. La journée, elle se cache dans des refuges tels qu’une souche, un tas de pierre… Sa longévité est estimée à 20-25 ans. Les adultes sont protégés par leur venin et ne connaissent pas vraiment de prédateurs sérieux.
La salamandre est protégée dans la plupart des pays d’Europe. En France, elle est classée dans la liste rouge des espèces menacées du fait de la réduction de ses populations et de la disparition de ses habitats.
Dans le cadre de Natura 2000, Cruzille fait partie du site :
« Bocage, forêts et milieux humides du bassin de la Grosne et du Clunisois »
Localisation
Le site se trouve au Sud-Est de la Saône et Loire. Il se localise essentiellement sur la tête du bassin versant de la Grosne amont, de la limite avec le département du Rhône jusqu’à Cluny, puis il reprend la tête de bassin du Grison sur la rive droite de la Grosne de Cluny aux environs de Tournus.
Ce site occupe une surface de 44208 hectares et couvre 51 communes dont Cruzille. Le périmètre correspond essentiellement à la partie moyenne et amont du bassin de la Grosne et à des secteurs de collines du clunisois, du Haut charollais et de la Côte mâconnaise.
Ce Site d’Intérêt Communautaire (SIC) a été désigné en 2007 au titre de la Directive européenne « habitat faune flore » de 1992. Il a donc pour vocation d’améliorer ou de maintenir l’état de conservation écologique des espèces et des habitats d’intérêt communautaire.
Le plan de gestion a été validé en janvier 2013. Le site est donc en phase d’animation. Cela signifie que les acteurs de la gestion des espaces (agriculteurs, forestiers, élus, propriétaires, usagers…) peuvent réaliser des mesures favorables à la biodiversité. Ainsi, ce ne sont pas moins de 25 mesures agricoles, 7 mesures forestières, 9 mesures espace rural et une charte de bonnes pratiques qui forment la boîte à outils de gestion du site Natura 2000.
Le paysage
L’ensemble comporte en proportions équilibrées prés bocagers, cultures et massifs forestiers. Le paysage est ici maillé d’un dense réseau de zones humides (ornières, mouilles, suintements, sources, mares) reliées entre elles par des corridors écologiques (lisières, haies, fossés, ruisseaux) et offre ainsi des habitats pour un grand nombre d’espèces animales étroitement liées au milieu aquatique (amphibiens, écrevisses, etc…) et reconnues d’intérêt européen par leur caractère remarquable, notamment leur rareté ou leur raréfaction.
Pourquoi un site Natura 2000 dans le clunisois ?
Le périmètre de ce site a été défini en tenant compte des exigences écologiques du crapaud Sonneur à ventre jaune. 30% des données d’observation et 15% des stations de ce batracien actuellement connues en Bourgogne proviennent de cette zone, révélant son fort intérêt patrimonial. Le bocage et les forêts présentent en effet un maillage dense de sites favorables à la reproduction de ce crapaud, ainsi que des habitats favorables à ses phases de vie hivernales ou estivales.
En outre, la présence de la rare écrevisse à pattes blanches dans plusieurs cours d’eau et de plusieurs colonies de reproduction de chauves-souris renforce l’intérêt de la zone.
La faune-Les espèces d’intérêt communautaire 1 – Qu’est-ce qu’une espèce d’intérêt communautaire ?
Elles ont été sélectionnées selon les critères suivants :
– en danger de disparition dans leurs aires de répartition naturelle
– vulnérable, c’est-à-dire dont le passage dans la catégorie des espèces en danger est jugé probable
– rare
– endémique.
2 – Les espèces d’intérêt communautaire du Clunisois
Les habitats d’intérêt communautaire 1 – Qu’est ce qu’un habitat naturel ?
L’habitat est un ensemble non dissociable constitué :
– d’un compartiment stationnel (conditions climatiques régionales et locales, matériau parental et sol, géomorphologie
et leurs propriétés physiques et chimiques ???)
– d’une végétation,
– d’une faune associée (avec des espèces inféodées à une espèce végétale, à la végétation, ou utilisant un territoire plus grand que l’habitat considéré).
Un habitat naturel ou semi naturel est un milieu qui réunit les conditions physiques et biologiques nécessaires à l’existence d’une espèce (ou d’un groupe d’espèces) animale(s) ou végétale(s).
2 – Qu’est ce qu’un habitat d’intérêt communautaire ?
Un habitat naturel d’intérêt communautaire (HIC) est un habitat naturel, terrestre ou aquatique, en danger ou ayant une aire de répartition réduite ou constituant un exemple remarquable de caractéristiques propres à une ou plusieurs des neuf régions biogéographiques et pour lequel doit être désignée une Zone Spéciale de Conservation.
3 – Les HIC du Clunisois
Les associations végétales identifiées sur le site constituent une centaine d’habitats différents représentant des situations variées dans des milieux qui peuvent être ouverts ou forestiers, secs ou humides, sur sols profonds ou pauvres, ou sur affleurement rocheux. Sur la totalité de ces habitats, 45 sont reconnus d’intérêt communautaire.
Les habitats peuvent être regroupés de la façon suivante :
– Le complexe des milieux humides (15 HIC)
– Le complexe agro-pastoral (12 HIC)
– Le complexe sylvicole (13 HIC)
– Le complexe rupicole associant les végétations des dalles et des falaises (5 HIC).
En arrivant à Cruzille, le nombre et la diversité des papillons que l’on peut y observer m’ont frappé. Aujourd’hui, j’essaye de les faire découvrir à mes garçons : l’observation du premier Citron, fin février, début mars, marque un peu, comme l’arrivée des hirondelles, le début du printemps ! Les Gazés ou les Flambés sont sans doute les plus spectaculaires et le Machaon,
l’un des plus rares. Voici quelques unes de nos rencontres : les Argus bleus se désaltèrent à la fontaine ; le Sphynx, facilement identifiable grâce à son vol stationnaire se nourrit du nectar des fleurs de notre chèvrefeuille, le Grand Sylvain nous accompagne lors de nos marches dans les bois et l’Aurore, délicat papillon blanc aux ocelles oranges, joue à cache-cache dans les herbes des haies. Le Soufré, lui, nous annonce l’arrivée prochaine de l’automne.
On pourrait dresser le tableau complet des papillons que l’on peut observer à Cruzille mais cela serait peut être un peu fastidieux, bien que ces derniers soient d’une étonnante diversité. En revanche, quelques conseils pour commencer à les observer s’avèrent souvent très efficaces.
Il faut tout d’abord savoir que le papillon au cours des quatre stades distincts de son cycle biologique, rencontre différents besoins. À l’état d’œuf ou de chenille, il vit sur une plante hôte : le Machaon pond ainsi ses œufs sur le fenouil sur lequel vont ensuite se développer de magnifiques chenilles vertes tigrées de noir et d’orangé. Sans plante hôte, il n’y a donc aucune chance d’observer certains papillons. Sans orties, pas de Robert le diable ! Les jardiniers savent bien que les Piérides ont besoin des choux, et tout particulièrement des leurs. Une année, n’ayant pas arraché mes derniers navets, nous avons pu observer, au printemps suivant, des nuages de Gazés !
Sans chenille, pas de papillons non plus : les traitements insecticides, en protégeant nos cultures potagères, nous privent peut-être de l’observation de beaux spécimens.
Enfin, passé le stade de la chrysalide, certaines plantes dont les fleurs sont riches en nectar, comme le fameux Buddleia (ou arbre à papillons), nourrissent les papillons adultes et garantissent de belles observations. Sur les Valérianes de notre voisine, nous observons chaque année de beaux Flambés. Un carré de jachère florale au milieu d’une pelouse, même de petite taille, attirera de nombreuses espèces de papillons dont le beau Demi-deuil. Le Jardin doit donc être en partie cultivé et fleuri pour y accueillir des papillons.
Pour identifier les différentes espèces aperçues, il est indispensable de disposer à terme d’un guide d’identification assez détaillé. Mais, dans un premier temps, l’Observatoire de la Biodiversité des Jardins du Muséum National d’Histoire Naturelle offre une fiche d’identification assez complète :
Il existe aussi dans nos forêts cruzilloises, en assez grande quantité,un arbuste feuillu, à feuilles persistantes, qu’il est important de citer. Tous les affouagistes le connaissent bien. Vous l’aviez deviné, il s’agit du Buis. Pendant la guerre de 39-45, le maquis de Cruzille y trouva refuge et il y avait à l’époque une parcelle de bois appelée « Le Bois de Buis »suffisamment inextricable pour permettre aux maquisards de s’y cacher. Après guerre, ce bois fut, hélas, coupé à blanc par son propriétaire, faisant disparaître alors cet ensemble de buis que certains disaient au moins centenaires ! Ainsi disparut aussi l’une des dernières sources de la tradition de Sagy, des Peigniers ou fabricants de Peignes en buis, une spécialité du hameau qui s’étendit sur plusieurs siècles (cf BM N° 25 « Cruzille Mémoire d’Artisans » Janvier 2011).
BUXUS SEMPIVERENS EN DANGER
Plante emblématique des teppes calcaires et bois du Haut-Mâconnais et plus particulièrement de notre village, le buis commun, de son nom scientifique Buxus Sempiverens, est l’une des deux espèces indigènes de toute l’Europe (on compte environ 90 espèces de buis dans le monde). Toujours vert, il apporte une petite note de gaité dans nos paysages d’hiver ; ses fleurs blanchâtres exhalent une odeur très caractéristique lors des premières chaudes journées d’avril.
Exploité artisanalement autrefois à Cruzille, plus récemment pour la fabrication de couronnes de Noël par des horticulteurs suisses, il est aujourd’hui bien délaissé mais l’aspect brillant de son bois après polissage mériterait qu’on s’intéresse de nouveau à lui !
Cependant, de lourdes menaces pèsent aujourd’hui sur sa survie dans nos paysages mais surtout dans nos jardins : il est en effet l’objet de nombreuses attaques de champignons ou de chenilles.
Deux principales maladies dues aux champignons peuvent être présentes simultanément sur les pieds contaminés :
L’une s’attaque aux racines et dessèche le buis qui roussit, on pourrait penser qu’il est la cible des araignées rouges ou qu’il a soif : c’est la Volutella Buxi présente en France depuis les années 60.
L’autre atteint le feuillage et les rameaux : par temps orageux (température élevée et forte humidité) apparaissent sur le jeune feuillage des taches jaune orangé puis marron gris. Les feuilles sèchent et finissent par tomber. L’attaque est due à Cylindrociadium buxicola d’importation récente.
Aucune méthode utilisant la lutte raisonnée n’est actuellement efficace à 100%. La bouillie bordelaise ne donne pas de résultats satisfaisants. Seuls les fongicides systémiques de la famille des triazoles permettent de lutter efficacement.
En préventif, il faut éviter les excès d’humidité, tailler le moins court possible, ratisser les feuilles tombées et déraciner les plants morts.
Les chenilles d’un papillon nocturne, la pyrale du buis, introduit accidentellement en France il y a une dizaine d’années, sont capables de défolier un gros buis en moins de 24 heures.
Ce papillon originaire d’Asie peut atteindre une envergure de 4 cm. La femelle pond ses œufs sur la face inférieure des feuilles de buis.
Les chenilles, de 3,5 à 4 cm, sont vert clair, ornées de stries longitudinales vert foncé, avec des verrues noires ; la tête est noire et luisante.
Très voraces, elles s’attaquent exclusivement au buis. Après s’être nourries des feuilles, elles laissent derrière elles des toiles sur les rameaux attaqués.
Les traitements pour les buis de nos jardins :
Entre mars et la fin septembre, piéger les papillons mâles : la pyrale peut donner 2, 3, voire 4 générations de papillons selon la météo. Il faut empêcher ces derniers de pondre sur le revers des feuilles de buis. Pour cela, installer des pièges à phéromones pour capturer le plus possible de mâles, qui ne pourront plus s’accoupler.
Dès qu’il y a des œufs : les parasiter avec des trichotop buxus, un nouveau prédateur. Ce sont des guêpes microscopiques parasitoïdes : la femelle pond ses œufs dans ceux du ravageur, ce qui les détruit et empêche la naissance des chenilles.
Eliminer les chenilles : la première chose à faire est de les retirer manuellement (elles ne sont pas urticantes). La lutte biologique est très efficace lorsque les chenilles mesurent 1 cm : traiter tous les mois jusqu’à l’hiver avec une solution de Bacillus thuringiensis (Bt). Plus tard, le traitement serait inefficace.
Parler de la faune, même à l’échelle d’une commune telle que Cruzille, est une tâche redoutable ! D’abord, les données sont rares et largement incomplètes, ensuite il s’agit d’un ensemble très vaste et divers dont personne ne peut maîtriser la totalité.
Quelques chiffres pour situer le problème : sur le site de l’Inventaire National du Patrimoine Naturel, il est recensé pour la commune de Cruzille, 2 Amphibiens, 0 Reptile, 3 Oiseaux, 14 Mammifères et 3 Insectes !! Chacun de vous pourra constater que ces nombres sont absolument ridicules, ce qui signifie que les données n’ont pas été transmises et, pour de nombreux groupes d’animaux, ne sont même pas inventoriées ni connues.
Je me contenterai donc d’évoquer quelques cas emblématiques et d’insister sur l’immense diversité chez les Insectes, en fonction des milieux et des modes de vie, laissant à d’autres intervenants le soin de parler des Oiseaux par exemple.
Nous pouvons noter en premier lieu la présence sur notre territoire communal d’un petit crapaud discret, le Sonneur à ventre jaune, espèce menacée et protégée, qui subsiste dans des sources un peu marécageuses en milieu forestier dans les hauts de Fragnes. J’évoquerai aussi le Crapaud accoucheur dont le mâle porte les œufs sur son dos et les humidifie régulièrement avant l’éclosion. Dans les années 70-80, j’entendais tous les soirs au crépuscule leur doux cri (sorte de « coû » fluté et sonore) dans les parages de la boulangerie de Sagy. Je ne les entends plus… Ont-ils disparu ? Se sont-ils éloignés plus loin dans la vallée de l’Aïl ? On peut aussi observer des Crapauds communs, et certaines années de nombreuses Salamandres noires et jaunes, qui se rendent à la rivière pour y pondre ce dont témoignent malheureusement les très nombreux cadavres d’individus écrasés sur la petite route menant de Sagy à Collongette.
Plusieurs espèces de lézards et de serpents vivent à Cruzille et singulièrement la grande Couleuvre verte et jaune, très agressive mais non venimeuse, qui affectionne les lieux secs, pierreux et chauds ainsi que des vipères.
Les différentes espèces de limaces et escargots sont à inventorier intégralement et je ne saurais en parler !
Les Crustacés sont représentés par les cloportes, les gammares ou « crevettes » d’eau douce dans les ruisselets.
Les Myriapodes ou mille-pattes sont nombreux dans les jardins : lithobie (grand mille patte roux), iules, gloméris, ces derniers pouvant se rouler en boule quand on les perturbe, et aussi dans les maisons où le grand Scutigère prédateur parcourt les murs en soirée. Regarder, lorsqu’il se déplace calmement, les ondes qui se propagent le long de son corps pour mettre en « marche » successivement ses grandes pattes, est un spectacle fascinant, comme l’est la vitesse stupéfiante avec laquelle il progresse en cas d’alarme. Attention cependant, le Scutigère peut mordre et ce peut être un peu douloureux si on le saisit sans précaution ! Le mieux est de le laisser tranquille et de l’admirer ! Utile et inoffensif, il ne faut pas le tuer, au même titre que les grosses et impressionnantes Tégénaires ou autres araignées commensales de nos habitations.
Je vous parlerai davantage des Insectes que je connais mieux. Leur nombre est considérable, la plupart sont si discrets et sans incidence économique qu’on ignore même leur présence, et leur étude exhaustive est une gageure. C’est si considérable qu’aucun entomologiste ne peut connaître tous les groupes. Chaque famille d’insectes est souvent l’objet d’étude d’un ou de quelques spécialistes. Ils représentent de 75 à 80% de tous les animaux connus !
Les milieux aquatiques.
Peu nombreux sur la commune, l’Aïl en étant le plus représentatif.
En se promenant le long de son cours, on peut aisément observer plusieurs espèces de libellules dont les beaux Calopteryx mâles au corps et aux ailes d’un superbe bleu sombre métallique.
On observera aussi les femelles au corps vert et aux ailes légèrement enfumées de brun clair. Ils volent lentement, se posent sur les végétaux, s’accouplent aussi en formant une figure en forme de cœur caractéristique.
D’autres Agrions plus petits et toujours très délicatement colorés fréquentent aussi les berges dans le vallon de Ste Geneviève. Au dessus de l’eau, une grande libellule au corps noir et jaune, le Cordulegaster, parcourt inlassablement la rivière de son vol rapide et puissant.
Les Aeschnes, grandes et puissantes libellules au corps tacheté de bleu clair peuvent s’observer jusque dans les jardins de Sagy où elles s’aventurent occasionnellement. Elles n’hésitent pas en effet à s’aventurer loin de l’eau pour chasser leurs proies. Seules leurs larves sont strictement aquatiques.
A la surface de l’eau, dans les secteurs calmes, de graciles punaises allongées « marchent » sur l’eau à l’aide de leurs grandes pattes grêles qui déforment sans la percer la surface de l’eau : ce sont les Gerris, prédateurs, qui peuvent piquer douloureusement si on les saisit à pleine main sans précaution.
Plusieurs autres espèces de punaises aquatiques fréquentent la rivière car j’ai pu en observer par dizaines en allumant de nuit une lampe UV à lumière noire qui les attire car elles volent très bien. Toutes ces espèces, libellules ou punaises sont des prédateurs utiles. Leur présence témoigne d’une assez bonne qualité des eaux de l’Aïl car toute pollution excessive les ferait disparaître immanquablement.
Les milieux forestiers, et les espèces xylophages (qui « mangent » le bois).
Représentés par les nombreux bois sur le territoire de la commune, les milieux forestiers hébergent de très nombreuses espèces peu visibles et ne provoquant pas de dégâts particuliers. Il s’agit d’une faune qui contribue au recyclage du bois mort. Parmi ces espèces, de très nombreux buprestes, petits insectes au corps élancé et toujours brillant (métallique), les capricornes reconnaissables à leurs grandes antennes parfois aussi longues ou plus longues que leur corps. Le Grand Capricorne (Cerambyx cerdo) est rare. Il bénéficie d’une protection nationale car il n’est vraiment abondant que dans les régions méridionales. Il se développe dans le chêne, essentiellement. Plusieurs espèces de capricornes, petites et discrètes, se développant dans le bois mort des différentes espèces de feuillus, colonisent les bois de la commune ; on peut parfois en observer chez soi, lors de leur sortie des bûches entreposées pour le chauffage !
Le grand lucane cerf volant (Scarabée) en fait aussi partie, ses larves, très gros « vers blancs », se développent dans les grosses pièces de bois mort. On peut le voir voler le soir dans la vallée de l’Aïl et sans doute en de nombreux autres endroits forestiers.
Plusieurs Chrysomélidés, sans effet économique notable, vivent aussi dans les chênes ou autres essences. Ils ne sont guère observables que si l’on « bat » les branches des arbres pour les faire tomber sur un drap (parapluie japonais !), ils sont de taille modeste même si plusieurs sont brillamment colorés.
D’autres espèces xylophages s’observent en dehors des milieux strictement forestiers. J’en citerai deux :
– l’Aegosome, grand capricorne brun aux antennes épineuses chez le mâle qui se développe dans le tilleul et d’autres essences de feuillus. Il est strictement nocturne et peut parfois s’observer, attiré par l’éclairage.
– un autre capricorne : le Trichoferus holosericeus se développe dans le chêne. Il est particulièrement abondant dans les vieilles poutres des charpentes où ses larves creusent des galeries importantes. Son développement peut prendre plusieurs années tant le milieu où il vit est peu nutritif ! Les adultes s’accouplent et pondent sur place, l’animal auto-entretenant ainsi l’infestation des poutres sans même sortir des maisons ! C’est un insecte évidemment préoccupant dont il est très difficile de se débarrasser, l’injection de produits traitants étant problématique dans des poutres en chêne séculaires ! Il est crépusculaire et nocturne mais, sans doute, certains d’entre vous ont eu l’occasion de le voir. Peut-être même avez-vous pu entendre dans le silence nocturne ses larves ronger patiemment et laborieusement le bois très dur dans lequel elles creusent leur galerie pour se nourrir ?
En milieu forestier vivent aussi de nombreuses espèces appartenant à la « faune du sol ». Ce sont des insectes qui vivent et chassent en se déplaçant au sol, car la plupart sont des prédateurs. Ce sont surtout des Coléoptères de la famille des Carabidés et des Staphylinidés. Tous sont utiles dans la mesure où ils sont prédateurs d’autres insectes et aussi de mollusques tels les limaces. La plupart du temps nocturnes, ils se réfugient le jour dans la litière forestière, sous les morceaux de bois ou les pierres. Sauf à les rechercher spécialement, peu sont d’observation aisée.
On peut aussi y observer de petites blattes, répliques en miniature des gros cafards domestiques, mais totalement inoffensives et qui se nourrissent de débris végétaux, de champignons microscopiques, recyclant ainsi, à leur échelle, la matière vivante.
Les milieux forestiers de la commune ne semblent pas menacés particulièrement.
Composés d’essences variées, non soumis à une exploitation intensive, ils abritent une riche biodiversité dont je n’ai pas observé de variation sensible au cours des quarante dernières années. Il est important de laisser au sol les bois tombés inexploitables car ils sont le terrain de développement des larves de la plupart de ces espèces xylophages. Les insectes du sol se développent eux dans la litière et si aucun traitement pesticide n’est appliqué, ne sont pas menacés.
L’apparition de la sinistre Pyrale du buis risque par contre de perturber fortement le paysage forestier. Toutefois très peu d’espèces se développent aux dépens de cet arbuste. Par contre tout traitement d’envergure contre ce ravageur, à supposer qu’il soit applicable en forêt…, et même à base de BT, serait très gravement préjudiciable à de très nombreuses espèces et pas seulement aux Lépidoptères (papillons) nécessaires aux cultures.
Les prairies et jardins, insectes floricoles.
Cet ensemble constitue le plus vaste réservoir de biodiversité.
La faune du sol comporte de très nombreuses espèces de Carabes et de Staphylins, très utiles car gros consommateurs d’insectes et de mollusques (escargots, limaces) pas toujours appréciés des cultivateurs ! Citons le Carabe doré, vert métallique aux longues pattes oranges, alias la « jardinière », le Procruste, très gros carabe entièrement noir. Ils fréquentent les jardins, les prairies mais semblent malheureusement en régression pour des raisons sans doute multiples.
Citons aussi l’Ophonus rufipes, plus petit, noir couvert de poils dorés, qui pénètre souvent et parfois en nombre dans les maisons, le soir en été et en automne car il vole bien et vient à la lumière. Parfaitement inoffensif pour nous, il inquiète parfois par son caractère invasif. C’est un insecte nocturne qui aime se cacher dans les recoins sombres. Son seul inconvénient est de sentir mauvais mais seulement si on le saisit !
Très importants pour le sol sont aussi les minuscules collemboles, blanchâtres ou grisâtres, sans ailes, qui sautent comme des puces mais que seuls quelques spécialistes sont capables d’étudier.
Parmi les autres hôtes des milieux ouverts, on peut citer les coccinelles, grosses consommatrices de pucerons, dont la coccinelle asiatique d’importation récente, de coloration extraordinairement variable, que l’on observe actuellement partout y compris sur les murs des maisons, et qui entre en compétition par la voracité de ses larves avec nos espèces indigènes.
Parmi les Orthoptères, outre de nombreuses espèces de criquet, on peut sinon la voir du moins entendre, au crépuscule, la stridulation du mâle de la grande sauterelle verte, carnivore et prédatrice.
Dans les zones chaudes, la mante religieuse se tient à l’affût, prête à saisir ses proies de ses redoutables pattes ravisseuses. Elle s’observe aussi dans les jardins même si son biotope de prédilection est la prairie sèche et les friches bien exposées. Elle existe sous deux formes colorées, l’une verte, l’autre beige, qui ne sont que des variations chromatiques d’une seule et même espèce.
On rencontrera dans les mêmes endroits, parmi d’autres punaises, la réduve Rhinocoris iracundus, d’un beau vermillon, à l’affût sur les tiges ou les fleurs, à la piqûre très douloureuse pour qui la saisirait à pleine main. Sa grande cousine, noire et nocturne, se rencontre, elle, dans les greniers des maisons ! Ce sont des prédateurs que je signale à cause de leur facilité à piquer. Une autre punaise, venue de Californie, vit aux dépens des pins mais se rencontre n’importe où car elle vol aisément. De grande taille, ressemblant aux réduves, elle peut effrayer, elle est cependant inoffensive. Elle entre parfois dans les maisons par les fenêtres ouvertes.
Les floricoles sont très variés et leur mode de vie également car bien souvent seuls les imagos adultes fréquentent les fleurs. Nous connaissons tous le beau Scarabée ou cétoine doré qui vole au soleil en mai-juin et se pose sur diverses inflorescences : lilas, aubépines, roses, sureau… Ses larves vivent dans le terreau sans causer le moindre inconvénient. Ce sont de gros vers blancs assez semblables à ceux du hanneton commun. Ce dernier, « nuisible », a fortement régressé et devient rare !
Vous avez aussi sûrement vu le Criocère du lis dont les larves sont capables de défolier entièrement les lis blancs sans toucher aux fleurs cependant.
Le petit capricorne (Cerambyx scopolii), réplique réduite du grand Cérambyx du chêne, s’observe en vol et se pose sur les fleurs avec la cétoine dorée en plein soleil, alors que son cousin plus grand est strictement nocturne. Quand on le saisit, il stridule de manière très audible ! Ses larves sont xylophages.
Parmi les floricoles citons aussi de nombreuses mouches dont les asticots, eux, vivent parfois dans les latrines…ou font une chasse active aux pucerons.
Les abeilles domestiques sont les agents essentiels de la pollinisation en récoltant pollen et nectar. Bourdons et abeilles solitaires, parmi lesquelles les gros Xylocopes entièrement d’un beau bleu sombre, sont également des agents essentiels à la fructification des arbres fruitiers et autres plantes herbacées, de même que les papillons. Parmi les papillons diurnes, aucune espèce particulièrement remarquable par sa rareté ne semble présente sur le territoire de Cruzille. Les papillons nocturnes sont beaucoup plus nombreux et moins connus. Je citerai seulement les Sphinx au vol très rapide, qui butinent les fleurs en vol stationnaire sans même se poser tels les colibris dans les régions tropico-équatoriales. De jour le Macroglosse est facile à voir, la nuit d’autres espèces plus grandes le remplacent mais sont rarement observables, tel le sphinx de la vigne au corps d’un beau rose ou celui du liseron grand et massif au corps gris. Tous les Lépidoptères sont phytophages à l’état larvaire (chenilles) et selon l’espèce, exploitent à peu près toutes les plantes herbacées , les arbustes, et même les feuilles des grands arbres.
Il est enfin tout un monde d’insectes de taille modeste ou petite, voire minuscule, invisibles sauf pour celui qui les cherche en fauchant au filet les plantes. Innombrables punaises, mouches, coléoptères qui exploitent les plantes herbacées en suçant leur sève ou en se développant à l’état larvaire dans les tiges, racines ou même en minant les feuilles.
Toute cette faune est encore bien présente même si certains insectes au mode de vie très spécialisé sont en régression dans les prairies, tels les bousiers et autres coprophages dont les populations ont fortement régressé suite à l’emploi des antihelminthiques chez les bovins. Ces insectes sont pourtant utiles et même indispensables car ils recyclent les excréments des animaux d’élevage.
Les friches.
Un des milieux les plus riches et précieux est celui des prairies sèches du sommet des collines mâconnaises, les « teppes ». Et c’est aussi celui dont la disparition progressive est la plus préoccupante. Il s’agit d’un processus naturel de fermeture du milieu par envahissement progressif par les arbustes puis les arbres tels les chênes pubescents en terrain calcaire chaud. La disparition du pâturage par les petits troupeaux de chèvres en est la cause essentielle. Y remédier paraît difficile sauf à entreprendre de coûteux et fastidieux travaux de suppression des arbres pour maintenir l’ouverture du milieu. Le talus du bord des routes, à la base des collines, peut aussi rassembler des insectes voisins de ceux qui vivent dans les teppes, encore faudrait-il éviter de faucher tout et n’importe où et singulièrement entre le mois de mai et le mois de juillet, car on élimine ainsi nombre de plantes, hôtes nécessaires au développement de nombreux insectes, papillons inclus, sans parler des Orchidées sauvages, toutes protégées, que l’on coupe en pleine floraison.
Il serait bon de réfléchir aux endroits où le fauchage est vraiment utile et nécessaire pour la sécurité.
Je voudrais pour terminer ce « survol » de la faune la moins connue, citer un tout petit bupreste (2 millimètres !), que l’on considérait comme n’existant au monde que dans la région lyonnaise, le Cylindromorphus gallicus. Il est très fréquent en réalité sur les teppes cruzilloises où il vit sur les touffes de fétuque bleutée (fétuque « ovine »), parfaitement invisible à leur pied. Il aurait en outre été retrouvé récemment…en Espagne ! Il n’a donc plus de gallicus que son nom… Sic transit…
Conclusion.
La biodiversité est précieuse et son maintien indispensable à l’équilibre de la vie animale dans les milieux les plus divers. Se poser la question : « à quoi servent toutes ces espèces minuscules ou invisibles ? », n’est pas une bonne approche du problème car l’utilité d’une espèce ne se mesure pas exclusivement à l’aune de l’appréciation humaine ! Alors même que nous ignorons bien souvent toute la chaîne biologique à laquelle telle espèce participe, et quelles seraient les perturbations que sa disparition entraînerait, tel le célèbre « battement d’aile du papillon »… Notre commune est encore bien pourvue en milieux riches et relativement bien préservés en dépit de l’emprise des vignes (j’apprécie beaucoup le vin et n’en suis donc pas ennemi !). L’inventaire de sa faune reste presque entièrement à faire. Puisse ce petit texte susciter des vocations ?
Dans nos jardins, sur nos murets, nous pouvons observer notamment en fin d’été de grands insectes se fondant dans la végétation comme des tiges vertes. Avec ses pattes longilignes et une tête très mobile aux yeux disproportionnés, cet insecte, au physique d’extraterrestre, semble tout droit sorti d’un film de science-fiction.
Il s’agit de la Mante Religieuse.
Son nom lui vient d’une posture typique qu’elle adopte en repliant et accolant ses membres antérieurs faisant ainsi penser à des mains jointes. On l’appelle encore “Prie Dieu” en Provence.
Mais cette attitude n’a rien de très religieux, bien au contraire. Il s’agit d’une posture dite de « garde » c’est-à-dire permettant d’induire une défense ou une attaque.
Notre chère mante se rapproche ainsi plus de la boxeuse que de la religieuse puisqu’elle est une redoutable prédatrice.
Insecte carnivore, elle est parfaitement adaptée à la prédation des insectes, parfois bien plus gros qu’elle. Grâce à ses pattes antérieures acérées et hérissées de pointes et très justement qualifiées de ravisseuses, elle harponne littéralement ses proies (mouches, abeilles, bourdons, papillons…). Elle chasse à l’affût et peut facilement passer inaperçue dans son milieu du fait de sa couleur.
Mais elle est surtout connue pour ses mœurs amoureuses très particulières. En effet, lors de l’accouplement, si elle en a l’occasion, la femelle mange le mâle en commençant par lui arracher la tête. Sans doute s’assure-t-elle ainsi un accouplement non interrompu et par ailleurs le bénéfice d’un repas !
Quoi qu’il en soit, il est assez fascinant d’observer l’élégance et la grâce de cet insecte.
Les mâles et les femelles se ressemblent, toutefois les femelles sont toujours plus grandes (75 mm contre 50 pour les mâles) et plus robustes notamment lors de la période de gestation.
À cette période (automne), la femelle n’est plus en capacité de voler et se déplace donc à « pattes ». Elle pond 200 à 300 œufs dans une oothèque (sorte de “boîte à œufs), ressemblant à de la mousse de polyuréthane, qui durcit au contact de l’air et adhère fortement au support (pierre, bois…).
L’éclosion des jeunes mantes intervient en juin de l’année suivante.
Particulièrement abondantes dans notre secteur, n’hésitez pas à observer ou photographier cet insecte majestueux !
Cet espace est mis à votre disposition pour nous adresser un message par voie dématérialisée.
Nous vous rappelons que les propos à caractères injurieux, racistes ou diffamatoires, constituent des délits sanctionnés de trois ans d’emprisonnement et d’une amende de 45 000 euros (article 441-1 du code pénal).
Nous utilisons des cookies pour vous
garantir la meilleure expérience sur notre site.
Si vous continuez à utiliser ce dernier,
nous considérerons que vous acceptez l'utilisation des cookies.Tout accepterTout refuserEn savoir plus