La viticulture, dernière chance pour l’économie locale

Dans les années 60, le gamin que j’étais se souvient de l’activité et de la sociologie de Cruzille.

Si le «  château » a toujours occupé une place prépondérante dans la commune au fil des années, il n’a pas pour autant vocation à créer de la richesse. Sa mission « sociale » est de toute autre nature.

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L’école communale, avec sa classe unique, jouxtait la mairie. Elle accueillait également les enfants de Grevilly.

A l’époque nous avions plusieurs commerces dont deux épiceries, une boulangerie, une boucherie, deux cafés, un coiffeur. Deux menuiseries et une entreprise de charpente couverture complétaient les activités non agricoles.

Notre monde paysan, à l’exception de deux élevages dignes de ce nom situés à Fragnes et Ouxy, se composait de nombreuses petites exploitations de polyculture. Elles vivaient grâce à quelques hectares de vignes, un peu de céréales, de l’élevage laitier ou allaitant avec en prime parfois un petit troupeau de chèvres apportant une touche régionale à ces productions.

En un mot «  Mille métiers, mille misères ».

Le vignoble hétérogène couvrait environ 70 hectares.

Dans la décennie 1980-1990, la spécialisation a vu le jour en direction de la monoculture de la vigne.

La structure de nos exploitations, le morcellement de nos parcelles et la qualité de nos sols ne pouvaient convenir qu’à cette production viti- vinicole, dont nous sommes si fiers à présent.

Aujourd’hui 150 hectares de vignes sont plantés sur notre commune, principalement encépagés  en chardonnay cépage mythique de la bourgogne et plus spécialement du Mâconnais.

Vinifiée en cave coopérative ou en caves particulières, notre production s’exporte pour moitié dans le monde entier, mais plus particulièrement dans les pays anglo-saxons.

Les exploitations viticoles sont de moins en moins nombreuses mais de plus en plus importantes. La mécanisation et les nombreuses innovations qui ont jalonné les dernières décennies auront permis d’accroître la productivité sans pour autant porter atteinte à la tradition, fer de lance de notre communication.

Elles sont aussi créatrices d’emplois avec toujours beaucoup de travaux manuels dans les productions d’AOC qui sont les nôtres.

Alors oui CRUZILLE est bien une commune viticole à part entière dans ce vignoble mâconnais dont la notoriété ne cesse de s’affirmer au fil des années.

Nous avons cette chance inouïe d’appartenir à cette bourgogne viticole qui fait rêver les consommateurs du monde entier.

Oui notre métier se complexifie de plus en plus avec des normes qui n’en finissent pas de voir le jour.

Oui les aléas climatiques n’ont jamais été aussi présents et surtout aussi violents.

Oui l’apparition de nouvelles maladies peut nous inquiéter face aux impasses de la recherche.

Mais quelle production voire quelle profession n’a pas aussi son lot de soucis ?

Malgré tout, après 40 années passées dans ce beau métier et dont j’ai pu mesurer bien des facettes, je pense que nous devons croire en l’avenir de nos vins qui accompagnent si bien les moments d’échange et de convivialité.

Michel BALDASSINI